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lundi 28 octobre 2013

[Tuto] Socle marécageux de Garlan

(texte et photos issus de l'article coécrit par Jérémie BONAMANT TEBOUL et Dimitri "Dim69" PEYRARD pour le Magazine RAVAGE)


"Comme presque tout le reste en Avalon, la géographie du royaume est avant tout le reflet de l’alliance passée avec le Beathacrann, l'arbre multi-centenaire qui s'étend sur toute la surface du royaume. Située sur le delta du fleuve Ciar dont les eaux sombres semblent charrier les humeurs même de la terre, et coincée sur les maigres terres séparant la mer des montagnes du Matin, la jeune nation s’étend sur un gigantesque marais aussi brumeux que malsain."
Cette description, issue du livre "Génésis", le livre de règles pour le jeu ALKEMY, présente un sol d’Avalon humide, comme recouvert en permanence de végétation pourrissante, d’eau stagnante, de plantes aquatiques, de marais d'eau saumâtre, de mangroves… Bel endroit pour un pique-nique, et belle source d’inspiration pour le socle de présentation de ce Garlan de Brall peint par Sébastien Picque, alias Jakovazor.


1. Trois principes à respecter pour réussir le socle de votre figurine

L’ambiance d’une figurine passe très souvent par son socle. A lui seul, il raconte une histoire, place la figurine dans un contexte, ouvre le personnage sur ce qu’il y a autour de lui… Même s’il n’existe aucune vérité générale, je considère souvent qu’un socle de qualité doit respecter les trois règles de bases suivantes :

1. La composition doit mettre en avant la figurine. Nous allons essayer de recréer des plans et des axes avec le socle. Ainsi, une figurine statique sera souvent accompagnée d’axes parallèles à la figurine (par exemple une colonne verticale à côté d’un garde vertical lui aussi), alors que nous allons plutôt casser ces axes pour mettre en valeur des figurines plus dynamiques (par exemple, un axe vertical sur le socle du Garlan aurait tendance à casser le mouvement de frappe de ce dernier).

2. L’ambiance et les éléments qui le composent doivent être suffisamment forts pour lui donner de la personnalité. Si par sa composition, ses éléments et ses couleurs, le socle semble correspondre à la figurine en question ET UNIQUEMENT A CELLE-CI, alors c’est tout bon. Pour vérifier, essayez de placer une autre figurine sur le socle (imaginez un orque, un elfe ou une figurine dans une gamme de couleurs différente). Si le socle est interchangeable facilement, alors il manque de personnalité, il est trop passe-partout. Par contre, si rien qu’en voyant le socle, vous pouvez imaginer la figurine qui viendra dessus, c’est parfait !
 
3. Les palettes de couleurs utilisées pour le socle et la figurine doivent être à la fois proches et distinctes. Proches pour garder de l’harmonie, distinctes pour mettre en avant la figurine. Je réalise cette distinction en contrastant la lumière du socle qui est souvent globalement plus sombre que la pièce. Je garde un lien chromatique en utilisant dans le socle les teintes de la figurine, souvent d’ailleurs les teintes secondaires. Par exemple dans ce cas précis, les branches du socle sont peintes dans les teintes des salissures de l’armure, et les plantes marrons sont peintes avec les couleurs utilisées pour peindre le cuir, le pagne et le bouclier. J’ai veillé à ne pas trop utiliser de gris (la couleur dominante de la figurine) pour le socle, afin de garder cette spécificité pour la figurine.


2. Socle en bois et construction du décor

Le socle permet déjà de tenir la figurine en main sans mettre les doigts dessus. Si la pièce n’est pas destinée au jeu, je vous invite à utiliser un socle de présentation / manipulation en bois (un simple cube verni comme ici fait parfaitement l’affaire). Je protège les flancs du socle avec du scotch repositionnable afin d’éviter de l’abîmer lors de la manipulation ou de le salir pendant la peinture. Le décor présenté ici est assez simple à réaliser : je réalise un premier promontoire en Milliput pour casser la monotonie d’un socle plat, qui ne correspond pas au caractère vallonné du sol souhaité. La racine est un tirage en métal d’une véritable racine de chez Andréa Miniature. Sur l’avant, je laisse un coin de socle plat qui représentera plus tard une zone d’eau stagnante.

De vraies racines ramassées en forêt sortent du sol et plongent dans la future eau, comme dans une mangrove. Internet regorge de photos d’inspiration pour ce genre de coin marécageux. J’insiste sur l’épaisseur de colle à l’endroit où les racines plongent dans l’eau pour gommer la transition avec le socle en bois. Enfin, je pose une épaisseur de PVA/colle à bois et je saupoudre généreusement un mélange de sable, de gravier concassé et de litière pour chat (mélange perso que je conserve dans un bocal sur un coin de mon atelier).


3. Peinture du socle 

Il n’est pas indispensable de sous-coucher le socle. En effet, ce n’est pas gênant de voir apparaître la couleur du flocage lors des premiers coups de pinceau. Ma manière d’appliquer la peinture à coups de "splatchs" lui permet de bien accrocher même sans sous-couche. Evidemment, lorsque je peins une figurine qui nécessite un travail plus fin, je la sous-couche préalablement avec une bombe blanche ou noire Games Workshop.
Je badigeonne l’intégralité de mon socle avec une « bouillasse » de noir, de bruns, d’encre verte, marron, brune... L’encre me permet d’avoir une coloration bien dense et un petit aspect brillant idéal pour le lieu humide représenté. Je dilue peu cette concoction (pas plus de 50% d’eau) pour qu’elle accroche bien. Avant que la peinture ne soit sèche, j’applique une teinte verte de Camo Green sur la souche et sur les racines plongeant dans l’eau afin de faire ressortir ces éléments par rapport au reste du socle. Après 2 ou 3 passages, je laisse sécher.

J’applique maintenant un "pshit" de bombe blanche sur le dessus du socle tout en veillant à laisser le bas du socle plus sombre. J’utilise normalement cette technique de pré-ombrage pour peindre mes figurines, mais je n’avais jamais pensé à le faire pour un socle jusqu’à ce que je vois Olivier Bredy œuvrer de la sorte. Le soir même, je m’y suis essayé et j'ai été suis tout de suite convaincu. Ceci me permet de faire ressortir les principaux éléments qui captent le plus la lumière zénithale et de mettre en avant la souche, les racines... 

J’applique maintenant différentes couches d’encres et de lavis colorés divers. Les différentes couleurs ne sont pas placées au hasard. Les teintes claires (comme les verts) sont placées sur les éléments de bois, et les teintes sombres (noir, bleu, brun) plutôt autour de ces éléments pour les faire ressortir.

Voici ce que cela donne après plusieurs passages de couches diluées que j’ai laissées sécher entre chaque nouvelle application. Nous distinguons bien que des points lumineux sont préservés sur les éléments forts : racines, tronc… 

Quelques brossages à sec de beige et de bleu ciel (pour le rappel coloré des éclaircissements de la figurine) font ressortir les petits reliefs.

Je reprends la même étape d’éclaircissement, mais cette fois au pinceau, pour avoir un travail plus précis sur le moindre relief. J’utilise pour cette étape beaucoup de gris/bleu. Le blanc pur me donnerait un aspect trop pâle et une teinte plus beige ne ressortirait pas avec la couche verte précédente qui comporte beaucoup de jaune. Ce bleu ciel est donc à la fois clair et contrasté par rapport aux lavis précédents. Je nuance le cœur du tronc avec un peu plus de beige pour différencier la teinte de l’écorce.

J’enlève le scotch protecteur, et je peins la surface "liquide". Différents passages rappelant les autres teintes de la figurine (vert, brun, orange…) sont appliqués dans le frais, en renforçant l’ombre près de la terre ferme.

Pas besoin de résine transparente, cette eau stagnante est plutôt opaque. Un simple passage de vernis brillant à la fin suffit pour rendre l’effet humide.

Il suffit enfin de coller quelques poils de balais, morceaux de mousses, racines, bouts d’écorce pilés… ramassés lors d’une cueillette de champignons. Si leur couleur naturelle jure trop avec le reste de la composition vous pouvez éventuellement les repeindre avec des lavis.